Sous ses dehors de comédie bouffe, Così fan tutte, bijou mozartien, cache une amertume perceptible dès l’ouverture. Comment imaginer que les deux couples formés par Guglielmo et Fiordiligi, et Dorabella avec Ferrando, sortiront indemnes du piège que leur tend le douteux Don Alfonso ? Un piège situé par Laurent Pelly dans un studio d’enregistrement berlinois des années 1970, où des chanteurs venus graver leur version de Così fan tutte finissent par confondre la réalité et la fiction.
Du moins est-ce le postulat scénique. La fusion peinant à aboutir, on assiste à un Così raconté au pied de la lettre, mais joué avec une finesse que souligne la réalisation de Yan Proefrock, et, surtout, admirablement chanté. Quel bonheur que ces voix si bien assorties quand les couples se recomposent, qu’ils s’agissent des timbres voluptueux de Gaëlle Arquez et Florian Sempey, ou du précieux métal des voix de Cyrille Dubois et Nicole Car, venue doubler une Vannina Santoni en méforme vocale ! Laurent Naouri fournit un Don Alfonso plein de caractère, et la Despina de Laurène Paternò révèle un beau tempérament comique. En fosse, Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée mènent le récit avec la fougue attendue.
COSI FAN TUTTE -
Compositeur : Wolfgang Amadeus MOZART -
Direction musicale : Emmanuelle HAIM -
Mise en scene et costumes : Laurent PELLY -
Scenographie : Chantal THOMAS -
Lumieres : Joel ADAM -
Collaboration aux costumes : Jean Jacques DELMOTTE -
Avec :
Vannina SANTONI (Fiordiligi) -
Gaelle ARQUEZ (Dorabella) -
Cyrille DUBOIS (Ferrando) -
Florian SEMPEY (Guglielmo) -
Laurent NAOURI (Don Alfonso) -
Le 28 02 2022 -
Au Theatre des Champs Elysees -
Photo : Vincent PONTET
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